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Les petits commerces : déclin ou mutation ? - L'analyse du CAE

Les petits commerces : déclin ou mutation ? - L'analyse du CAE

Samedi, 10 Juin 2023 Commerce

"Les petits commerces jouent un rôle essentiel dans les territoires. Aussi, les autorités publiques se préoccupent-elles de leur devenir. Y-a-t-il un déclin du petit commerce ou assiste-on simplement à sa mutation ?"

Citation de l'article du CAE

Le CAE, le Conseil d'Analyse Économique, est composé d’économistes universitaires et de chercheurs et est placé auprès du Premier Ministre pour "éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement en matière économique".

 ℹ️ Introduction

Le "petit commerce" est à comprendre ici "au sens des commerces de détail (hors grandes surfaces), de l’artisanat de bouche (boulangeries, charcuteries, etc.), des bars et des restaurants et des services aux ménages (coiffure, soins du corps, pressings, etc.)". Il prend en compte aussi bien les indépendants que le commerce en réseau (voir la définition du commerce en réseau sur le Wiki du Géomarketing).

Il représente, pour l'année 2019 :

Part de l'emploi total12%
Part du PIB6%
Nombre d'établissements430 000

 🔎 La situation

Il existe une hétérogénéité des situations aussi bien en fonction du type de produits vendus ou de services rendus que de la localisation géographique des petits commerces. Le nombre global de petits commerces en France ne diminue pas depuis la fin des années 2000, même s'il régresse sur certains territoires (ruraux) et dans certaines activités (équipement à la personne). Au contraire, le nombre de bars et restaurants et le nombre de petits commerces en banlieues est en augmentation. Les plupart des autres types de petits commerces est plutôt en stagnation.

La situation n'est pas la même en fonction de l'activité

Entre 2006 et 2021, le nombre de petits commerces d'habillement et de chaussures a chuté de 10%. C'est d'ailleurs, comme le montre le graphique ci-dessous, le seul secteur où le nombre d'établissements est inférieur à son niveau de 2006.

Au contraire, dans les autres secteurs le nombre de commerces a augmenté, mais à des vitesses différentes. Les restaurants et bars ont connu une hausse particulièrement forte de leur nombre.

Grpahique de l'évolution du nombre de petits commerces selon le type de biens vendus et de services rendus (2006-2021, base 1 en 2006). Principaux résultats observés entre 2006 et 2021 : progression des restaurants et bars et déclin de l'habillement et chaussures.

Ces chiffres se ressentent également dans le nombre d'emploi dans les centre-villes. Le nombre de salariés a par exemple augmenté de 20% dans le secteur de l'alimentaire. Les diminutions dans les commerces traditionnels (boucherie, boulangerie...) a été compensée par la croissance d'autres commerces comme les supérettes bio ou les commerces de boissons.

La situation n'est pas la même en fonction de la localisation géographique

Entre les périodes 2008-2013 et 2013-2019, la dynamique commerciale a diminué. Le nombre de commerces avait augmenté de plus de 4% sur la période 2008-2013, alors que sur la période 2013-2019, cette hausse n'est plus que de 0,7%.

Il existe cependant de grandes différences entre les banlieues, où la dynamique reste importante (+4,9% de commerces sur la période 2013-2019) et le recul dans les zones rurales et les villes isolées.

Graphique sur les évolutions comparées de la population et du nombre de petits commerces. Grandes tendances : déclin dans le rural et progression dans les banlieues.

La croissance du nombre de commerces est portée par l'augmentation du nombre de bars et de restaurants (sauf en zone rurale), le reste des secteurs étant en baisse, quelque soit le secteur géographique.

Graphique sur les évolutions comparées de la population et du nombre de petits commerces, par secteur.

Les villes-centre attirent donc de plus en plus pour leur offre de loisirs et moins pour la consommation de biens standardisés.

⚠️ Web et Covid : deux points noirs ?

Les petits commerces ont bien traversé la crise Covid-19

A peine sortis des années difficiles des gilets jaunes, les petits commerces ont dû faire face à celle du Covid-19. Malgré tout, et notamment grâce aux aides mises en place par l'État (Fond de Solidarité, PGE), la situation financière nette des petits commerces s'est maintenue. Elle s'est même sensiblement améliorée d'après les analyses du CAE, en particulier celle des bars et des restaurants.

Une concurrence du web surtout pour les grandes surfaces

En 10 ans, entre 2010 et 2020, le taux de croissance annuel des ventes a été de 14% pour le commerce en ligne, alors qu'il n'a été que de 1,4% pour le commerce en magasin.

Les petits commerces qui peinent le plus sont ceux concurrencés le plus par les plateformes en ligne : équipements du foyer, produits culturels, habillement.

Cependant, le e-commerce semble plus en concurrence frontale avec les grandes surfaces.

💪 Les actions mises en place pour soutenir le petit commerce

"Les petits commerces jouent un rôle essentiel dans les territoires. Aussi les autorités publiques se préoccupent-elles de leur devenir", en mettant en place plusieurs mesures, dont voici quelques exemples.

  • Les programmes "Action Cœur de Ville" et "Petites Villes de Demain"
  • La reprise en régie d'un commerce par la collectivité
  • La lutte contre les friches commerciales
  • ...

🟠 Les points à retenir

En résumé, le petit commerce s'adapte plus qu'il ne disparait. Les actions des pouvoirs publics en sa faveur (dynamiques de revitalisation...) et le contexte marché (baisse de fréquentation des centres-commerciaux et des hypermarchés) jouent en sa faveur.

Source, résultats et détail de la méthodologie sur le site Internet du CAE.

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